1)
Mise en
ligne du 1er mai 2023: 1) Comme
de nombreux intellectuels de gauche favorables au communisme,
Vercors se rendit en URSS, en Chine et à Cuba. Puis,
il fit le récit de ses voyages dans des articles et
même dans un ouvrage entier au titre ouvertement en
référence à Jules Verne, Les Divagations d'un Français
en Chine. En quoi ces récits rétrospectifs sont-ils
à l'intersection d'un genre littéraire traditionnel
(le récit de voyage) et d'une approche idéologico-politique?
Comment peuvent-ils faire preuve d'honnêteté et de vérité
quand la vision est subjective (que l'on soit admirateur
ou contempteur de ces pays)? En filigrane, quelle posture
et quelle image ce voyageur intellectuel transmet-il? C'est
à ces questions que mon
nouvel article tente de répondre
(première partie) 2) Prochain
RV le 1er juin 2023: Les Croisières rouges de Vercors
(dernière partie).
3)
Début novembre est
paru
mon
article sur Vercors et Zoo
ou l'assassin philanthrope
dans la revue L'Avant-scène Théâtre
pour la mise en scène récente d'Emmanuel Demarcy-Mota.
Et pour rappel:
voulez-vous
voir l'étiquette de vin que Jean Bruller conçut en 1930
pour son ami Jules Romains, propriétaire de vignes ?
Savez-vous qu'après guerre Vercors reprit le crayon
pour une collection dédiée à son ami? Ces images
rares se trouvent dans mon long
article "Jules Romains et Vercors, deux hommes
de bonne volonté".
J'étudie la part d'unanimisme (concept-clé de l'auteur
des Hommes de bonne volonté) dans la vie et la
production de Vercors, et j'analyse précisément l'intense
amitié de ces deux hommes au-delà des imprécisions et
des silences que l'on peut percevoir dans leurs évocations
respectives.
4)
Récapitulatif
des RV
le 1er du mois de 2020-2023.
***
Ce site, ouvert le 10 juin 2006,
propose une présentation générale de Jean Bruller-Vercors au-delà d’un double
silence, un mot aux résonances profondes dans l’univers personnel
et artistique de l’auteur : le silence qui le consacra comme un mythe de
la Résistance, cet incontournable Silence de la mer publié
clandestinement sous l’Occupation; et le silence, injuste, de l’histoire
littéraire façonnée par une université peu intéressée par cet intellectuel et
son oeuvre.
De 2006 à 2011, j'ai mis en
ligne une bio-bibliographie générale et un
parcours de nombreux ouvrages dans la perspective d'un cheminement introductif à un univers plutôt
que dans celle d'une étude exhaustive. A partir
de 2011, date de la fin de ma thèse, libérée
de l'orthodoxie
majoritaire de l'Université et de ses acteurs, j'ai
ajouté deux orientations:
-
une perspective biopsychographique. Toute la philosophie
de Jean Bruller-Vercors est la transcription autobiographique
d'un homme à la croisée de trajectoires sociales, familiales,
genrées, politiques, idéologiques. Sa philosophie
est celle d'un individu que j'analyse dans
les plis singuliers du social. Est-ce une interprétation
excessive de ma part? Dans ce riche
entretien de 1991, Vercors entérine explicitement
ma démarche: "Chacune de mes expériences correspond
à un personnage. C'est comme cela que travaille la majorité
des écrivains: Flaubert avait répondu à cette question
"Madame Bovary, c'est moi". Ceci est valable
pour tous mes personnages".
-
une perspective critique à l'aune des recherches actuelles:
la période contemporaine vient de longues décennies
du passé. Vercors était ancré dans une temporalité,
ce qui explique certaines erreurs
d'interprétations. Depuis, les recherches ont affiné,
voire souvent rectifié
les approches en tous domaines. Il n'empêche que la
doxa conformiste de
notre époque s'entête dans ce monde
ancien largement démenti par les découvertes nouvelles, au point que les "idées zombies"
empêchent toute progression humaniste (pour
une explication du concept, que l'on peut utiliser dans
d'autres domaines que l'économie, écoutez les premières
minutes de cette
émission) .
La parole universitaire, parfois plus
brullerienne que Bruller, quoique ponctuelle, perpétue une anthropologie
erronée propice à l'immobilisme. C'est une hypocrisie
de la recherche en sciences humaines que de se proclamer
neutre. Je pourrais prouver à chaque exégèse que le discours
est orienté, du niveau le plus explicite jusqu'au
plus invisible lorsque
la traduction de la pensée de Vercors est seulement
expliquée
sans pointer les questionnements possibles.
Au-delà
de l'obsolescence compréhensible de certains pans de son
oeuvre, des propos, des prises de position, des actes
courageux de Vercors devancent grandement son temps.
Ils sont d'une grande actualité et orientent notre monde
vers un progressisme nécessaire. Je tente de le démontrer
en convoquant des penseurs passés et contemporains,
pour la plupart hétérodoxes et radicaux, ce qui ne signifie
pas que j'adhère à l'ensemble de leurs concepts.
Ces
diverses perspectives posent in fine la question
fondamentale de la philosophie morale à laquelle
Jean Bruller-Vercors était viscéralement attaché.
Tiraillé entre des courants contradictoires, ce double
artiste transmit les préconisations idéalistes et chrétiennes,
tout en aspirant en grande partie à l'aboutissement anthropologique
humaniste: libération de l'humain, respect de sa personne
et de tous ses besoins fondamentaux comme condition
de l'épanouissement de l'être moral et de l'exercice
du respect de l'autre, dignité (pour saisir
les enjeux de ces deux anthropologies antagonistes, écoutez
cette
pertinente émission). Son élaboration complexe
ne doit pas cacher l'essentiel de cet honnête homme
: le dire théorique coïncide majoritairement avec le
comportement. C'est dans cette alliance concrète
que réside son humanisme.
(ma
bio-bibliographie)
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